Notre start-up mise à l'honneur dans un article publié par LA TRIBUNE le 2 juillet 2020.
Comment Senseen veut servir l’agroécologie
La jeune pousse basée à Sophia Antipolis se penche sur le sujet de l’agroécologie, qu’elle entend accompagner en proposant des solutions de mesure, rapides et faciles, des caractéristiques nutritionnelles des fruits et légumes produits selon cette méthode qui vise à réintroduire de la diversité dans les systèmes de production agricole.
(Crédits : DR)
L'agroécologie fait de plus en plus d'adeptes. Ce nouveau modèle agricole alternatif au courant conventionnel vise à prendre en considération les écosystèmes dans la production. Aux intrants utilisés par l'agriculture traditionnelle (produits phytosanitaires, semences non biologiques...), l'agroécologie oppose les interactions entre les organismes naturels présents dans un sol préservé permettant d'optimiser récoltes et rendement tout en diminuant les impacts négatifs sur l'environnement. Des nouvelles pratiques qui s'inscrivent dans une vision à long terme, que d'aucuns estiment bien plus rentables dans les prochaines années car pérennes.
Green Deal
Sur le papier, l'agroécologie à tout pour plaire et constitue un contributeur de poids à l'objectif d'une transition vers une agriculture plus vertueuse portée, notamment, par l'Union Européenne. Laquelle, à travers son Green Deal, va publier dès septembre une série d'appels à projets pour un budget d'un milliard d'euros consacrés à une dizaine de domaines parmi lesquels la restauration des écosystèmes et de la biodiversité (domaine 7) ou encore les défis du système alimentaire dans un contexte local (domaine 6), autrement dit "de la ferme à la fourchette".
Dans les faits, toutefois, c'est plus compliqué, toute révolution nécessitant de dépasser les freins au changement. Et si le mouvement - planétaire - prend de l'ampleur et mobilise nombres d'associations composées d'agriculteurs et d'agronomes (Pour une Agriculture du Vivant, Maraîchage Sol Vivant, Ver de Terre production...) qui œuvrent à structurer une filière dédiée en mettant en avant ces nouvelles méthodes, il n'en reste pas moins vrai que pour que l'agriculture dite durable soit visible et lisible, il est nécessaire de disposer d'une série d'indicateurs qu'il convient de mesurer et d'interpréter de façon simple, permanente et à moindre coût.
Scanner la nourriture
C'est là que se place la jeune pousse sophipolitaine Senseen. Créée en mai 2020 par Philippe Cousin, également dirigeant-fondateur du bureau d'études Easy Global Market, elle s'attache à développer des produits capables de scanner la nourriture pour en extraire des données qualitatives, notamment en termes nutritionnels. Et ainsi, "accompagner le développement de l'agroécologie", relève le dirigeant. Lequel s'est emparé de deux évolutions technologiques, le spectromètre miniature et l'intelligence artificielle, qu'il a combinées dans un outil de mesure portatif dont les applicatifs vont être ciblés sur les besoins du segment fruits et légumes. "C'est un début, mais cela représente un spectre déjà très large puisque toute la chaîne s'intéresse à la mesure, de l'exploitation agricole au consommateur, en passant par le transporteur et le distributeur", explique Philippe Cousin.
Qui détaille : "On peut mesurer tellement de choses avec ce type de technologie, comme le taux de vitamine C ou bien de sucre, par exemple dans un melon, ce qui aiderait le consommateur dans son choix. On peut également évaluer le degré de pourrissement d'un produit qui selon la façon dont il va être cultivé va tenir plus ou moins dans le temps. Ou encore le potentiel Redox (ou potentiel d'oxydation-réduction, NDLR) d'un sol, longtemps négligé car très technique à mesurer, alors qu'il joue un rôle important dans la croissance de la plante". Deux data-scientists vont donc rejoindre la start-up durant l'été pour se pencher sur cette partie applicative.
Elargir le spectre
Parallèlement, Philippe Cousin poursuit son travail de R&D qui vise à la création d'un "prototype combinant toutes les bandes de lumières afin de maximiser les données", donc le potentiel de l'outil, tout en l'amenant "à un coût raisonnable". Senseen viendrait ainsi compléter - voire supplanter ? - les prélèvements et analyses en laboratoire, souvent coûteux et non permanents. Et ce, dans le domaine du maraîchage donc, avant d'adresser plus largement le monde de l'agroalimentaire - "Il y a aussi des besoins dans la bière, le lait, la viande..." - et, à plus long terme, les secteurs de l'eau et du recyclage.
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